mercredi, 14 mai 2008

Affaire Cassez : et si la clé, c'était le frère ?

Il faut sauver la compatriote Cassez ! Florence, innocente ! Libérez Florence (Cassez pas Aubenas) ! Mexico=Gestapo!... On entend tout et n'importe quoi sur cette affaire. Comme souvent, priorité est faite aux larmes, au compatissant, au "pathétoc" et à l'indignation. Amis de bonne morale, scandalisez-vous, ça ne coûte (presque) rien. Mais la vérité est qu'au final on ne sait absolument rien sur le fond du dossier Cassez. Si ce n'est que la justice mexicaine l'a condamnée à 96 ans de prison (ce qui fait 20 ans ferme) et que non satisfaite par le tarif, et peut-être un peu irritée aussi par le ram-dam français orchestré mercredi dernier jusqu'à l'Elysée, cette même justice vient de réclamer plus encore à l'encontre de la jeune Française en interjetant elle-aussi appel du premier jugement.
En France, on crie à l'erreur judiciaire : Florence Cassez n'a pas pas participé aux enlèvements. Au Mexique, on est partagé : une moitié fait de Florence une grave délinquante, l'autre doute voire se range derrière l'indignation française.
Bien sûr, la blanche et pure justice française a le droit de contester l'obscure administration mexicaine. Mais à l'inverse, l'incriminée pourrait elle aussi s'étonner d'entendre les malheureux géniteurs du scandale Outreau donner avec ce qu'il faut d'arrogance des leçons d'équité et d'objectivité. Et pendant qu'on s'essouffle sur une énième et stérile compétition du " c'est qui qui respecte mieux les droits de l'homme ", on enquête assez peu sur le dossier, ce qu'il contient, et ce qu'il ne contient pas.
Depuis le début de l'affaire, mars 2005, la presse française ne parle que de Florence. Rien ou peu sur son frère. Or, c’est lui qui a présenté le fameux Israël Vallarta (présumé chef du gang des Zodiacos tojours pas jugé aujourd’hui) à sa sœur. C’est bien Sébastien Cassez qui depuis 2000 fait son beurre à l’ombre des cactus. Directeur général pour plusieurs sociétés, il est aujourd’hui propriétaire de la sienne : Le Centre Français d'Endermothérapie qui fait de l’import de matériel médical. Selon le site internet géré par ses parents en soutient à Florence, l’homme d’affaires aurait connu quelques bisbilles financières et judiciaires avec l’un de ses collaborateurs.
Version Cassez : Eduardo Margolis a magouillé des transactions d’enlèvements contre rançon (« rescate ») en se servant de la boîte comme couverture. Sébastien Cassez a demandé à reprendre ses parts et quitté l’entreprise.
En face, plusieurs versions. Le Eduardo assigne le Français devant les tribunaux pour vol et abus de confiance. Quelques journalistes, dont une reporter de la Televisa, soulèvent l’hypothèse suivante : Sébastien Cassez aurait discrétos sous le sombrero touché d’une manière ou d’une autre au commerce des « rescate », a peut-être trop vu et trop fait, et a fini par gêner « Los Zodiacos » ou des concurrents. D’aucuns écartent l’intrus, cherchent à lui nuire, à ruiner son commerce d’import de matériel médical et s’en prennent à la sœur. Ca ressemble à du mauvais Steven Soderbergh, à du Cassez au pays des Picaros, mais après tout, l’exotisme du Mexique aidant…
Toujours est-il que même à l’abris entre les murs de l’Elysée, Sébastien Cassez n’a pas montré une extraordinaire sérénité face aux journalistes mexicains qui avaient fait le déplacement spécialement pour le cuisiner façon Pimientos. Nos confrères mexicains l’ont en tout cas trouvé légèrement fuyant et peu à l’aise. A la sournoise question, « Avez-vous des amis influents au Mexique ? » , Sébastien Cassez répond « je ne sais pas quand l’on peut se dire influent au Mexique… ».
Machination ? Délires ? Fantasmes romanesques ? Ou vrai scandale? L'affaire Cassez finira un jour en 35 mm...